Point macro-économique
Grandes lignes d’actualité
La crise de la COVID-19 a marqué l’histoire économique par des faits inédits : les confinements successifs ont généré l’arrêt brutal des chaines de production au niveau mondial. Les ménages, quant à eux, ont cessé de consommer de manière habituelle. À fin 2020, l’épargne cumulée des ménages représentait environ 12% du PIB aux USA et 8% du PIB en Europe. L’année 2021 a été marquée par les séries de déconfinements qui ont fait repartir petit à petit les chaines de production, face à une demande euphorique causant une crise de l’offre, une inflation et un marché de l’emploi extrêmement tendu.
Afin de lutter contre l’inflation fulgurante, la Banque Centrale Américaine a réagi par un durcissement de la politique monétaire en annonçant une hausse des taux. À l’époque, cette inflation se voulait « transitoire » ….
Un mot définitivement rayé des discours inflationniste en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine par les forces russes. Ce conflit géopolitique a engendré une flambée des prix des matières premières et plus particulièrement de l’énergie. La prise de conscience de la dépendance européenne du gaz et du pétrole russe a été immédiate. Les prix ont continué à augmenter faisant grimper l’inflation au-delà de tout niveau attendu.
Contraintes, les banques centrales ont accéléré le durcissement de leurs politiques monétaires (tapering) pour lutter contre une inflation désormais « durable » avoisinant 8% dans les économies occidentales. D’abord, Jérome Powell, le président de la FED a annoncé plusieurs augmentations consécutives des taux directeurs en 2022 (pouvant aller jusqu’à 5). Et si l’UE a été initialement plus souple en réfutant toute hausse des taux avant la fin de l’année, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a finalement confirmé une augmentation des taux directeurs au 2e semestre 2022. C’est en effet la fin du cycle des taux bas qui a duré près de 40 ans.
Conséquences directes sur la situation macro-économique
Tous ces évènements influent de manière directe sur les différents acteurs économiques : les ménages perdent en pouvoir d’achat, les entreprises voient les couts augmenter. Ces couts liés à la production, aux salaires, mais aussi à la dette. Si en France on emprunte aux taux fixes, ce n’est pas le cas des autres puissances mondiales. Les intérêts d’emprunt de ces dernières sont souvent indexés à l’inflation. Ainsi, les entreprises américaines voient actuellement les charges liées à une dette antérieure augmenter. Et si jusque-là, la publication des résultats a été au-dessus des attentes grâce aux solides bilans et au niveau de la trésorerie, nous pouvons supposer que les publications à venir vont commencer à refléter la difficulté des entreprises à maintenir leurs marges. Les ménages, quant à eux, voyant l’hiver (énergivore) arriver, vont certainement devoir épargner plutôt que d’acheter un téléphone de dernière génération.
Le ralentissement du système économique est à l’origine de la stagflation à laquelle on assite actuellement. C’est-à-dire une économie plongée dans une période de croissance nulle, voire négative, combinée à une forte inflation. Les probabilités d’une récession augmentent…
Conséquences sur les marchés financiers (secteurs et indices)
Mais comment se comportent les marchés financiers dans la continuité de ces évènements macroéconomiques ? Comment explique-t-on une chute des principaux indices de l’ordre de 20% depuis le début de l’année, voire 30% pour le Nasdaq par exemple ?
- La première annonce de la hausse des taux à provoqué une rotation sectorielle forte : les valeurs de croissance (luxe, technologies…) ont été délaissé au bénéfice du secteur dit « value » (banques, assurances…), généralement sous-coté et « boudé » par les investisseurs dans une conjoncture des taux bas.
- Les valeurs de consommation discrétionnaire et les cycliques (industries automobiles par exemple) sont en chute, cependant, les énergies et la défense se maintiennent
- L’aversion au risque augmente de manière générale et provoque des liquidations massives des portefeuilles
- Le niveau de volatilité double sur fond des angoisses, de l’incertitude et du manque de visibilité
Perspectives et différents scenarios
Le best case pourrait être illustré de manière suivante :
Inutile de préciser la faible probabilité de ce scenario dans la conjoncture actuelle….
Le scenario probable :
Attention, cette configuration serait synonyme d’une forte volatilité due aux marchés fébriles basculant entre tendance neutre voire baissière. La prudence serait de rigueur, même si ces marchés sont source de nombreuses opportunités.
Le scenario pessimiste serait :
Les probabilités de ce scenario sont faibles mais ne sont pas exclues. Nous restons attentifs aux publications des résultats des entreprises et aux annonces macroéconomiques continues.
Notre conseil
Les périodes comme celles que nous vivons sont génératrices d’incertitudes et d’inquiétude lorsque l’on parle des investissements. Dès lors, il convient de ne pas oublier certaines préconisations :
Ne pas mettre ses œufs dans le même panier et diversifier ses investissements
Quelle que soit la conjoncture, il est impossible d’anticiper avec exactitude les tendances de marché. Il convient par conséquent d’avoir un portefeuille diversifié, car il existera toujours des valeurs qui sous-performerons et surperformerons leur indice de référence, comme le démontre le schéma ci-dessous dans le cadre d’une augmentation des taux directeurs.
Éviter de vendre au plus bas et ne pas surréagir
Dans les périodes de crises, les flux d’investissements sont principalement sortants du fait de l’inquiétude des investisseurs. La volatilité des marchés financiers est normale. Voici d’ailleurs un exemple d’historique sur les quarante dernières années (merci à JP Morgan pour leur analyse) avec, en rouge, le point le plus bas en cours d’année et en gris la performance finale de l’année (au 31/12) :
Si votre horizon d’investissement est cohérent avec la volatilité de votre portefeuille, il faut éviter le caractère « moutonnier » et la revente à perte dans ces périodes. Les fonds d’investissement en profitent d’ailleurs pour renforcer les positions qu’ils estiment opportunes sur le long terme, car ils achètent cette valeur beaucoup moins chère.
Bien déterminer son horizon d’investissement
Plus votre horizon d’investissement est long, plus le risque de l’investissement (bien qu’existant) est lissé. Depuis 1950, quel que soit le moment d’entrée sur les marchés actions de grandes capitalisations, l’investisseur ne perd pas d’argent en investissant sur un horizon de 20 ans : sa pire performance serait de 4% par an contre 18% par an pour la meilleure gestion (étude de JP Morgan).
Quoi qu’il en soit, il faut retenir que les performances passées ne laissent en aucun cas présager des performances futures. Le cabinet Tailored Finance et notamment notre pole asset management suit de très près l’évolution des marchés et des différents indicateurs. Nous restons joignables à tout moment afin d’échanger sur vos investissements et vous donner le meilleur des conseils.